1860… Et la Savoie devint française !
Histoire du Rattachement de la Savoie à la France
Au 18e siècle, quittant Chambéry pour s’installer à Turin, capitale du Royaume de Piémont-Sardaigne depuis 1563, la Maison de Savoie abandonne définitivement le berceau de ses ancêtres. Le roi de Sardaigne, Victor Amédée III, s'allie alors avec d'autres rois contre la Révolution française. C'est néanmoins dans la liesse, à Chambéry, que les Savoyards accueilleront le général français Montesquiou, venu annexer la Savoie en 1792… Cet intermède révolutionnaire durera une vingtaine d'années, la Savoie devenant le 84e département français, celui du Mont-Blanc. Le traité de Vienne, signé en 1815, marque le retour dans le Royaume de Sardaigne.
Dans la première moitié du 19e siècle, l’économie savoyarde ne se développe guère. La population accepte de plus en plus difficilement la présence des percepteurs, des fonctionnaires et des soldats piémontais et s’inquiète des mouvements, menés de l'autre côté des Alpes, en faveur de l'unité italienne.
En effet, Victor-Emmanuel II, comme son père, rêve d’unifier l’Italie encore divisée en états soumis à des souverains étrangers. Par l’accord secret de Plombières, dans les Vosges, en 1858, l’empereur Napoléon III s’engage à aider le Piémont dans sa lutte contre l’Autriche, recevant en échange Nice et la Savoie. La guerre contre l’Autriche reprend en 1859. Après les victoires meurtrières des armées sardes et françaises, comme à Solférino, Napoléon III, soucieux de l’attitude de la Prusse et de l’opinion française, remet en cause l’annexion de la Savoie en signant l’armistice de Villafranca.
Dès lors, en Savoie, la propagande s’organise pour ou contre la réunion à la France. Contrairement à leurs opinions de 1848, les conservateurs (nobles, clergé et paysans) sont favorables à l’annexion alors que les libéraux préfèrent l’indépendance voire le rattachement à la Suisse. Par le traité de Turin du 24 mars 1860, la Savoie et Nice sont cédées à la France. Cette annexion fut ratifiée par le plébiscite des 22 et 23 avril 1860, par lequel les Savoyards furent appelés à se prononcer en faveur ou non de l’annexion.
C’est à la Cour d’Appel de Chambéry que furent proclamés officiellement les résultats à la question posée : « La Savoie veut-elle être réunie à la France ? ». Seuls les hommes avaient voté et sur 135 449 inscrits, on dénombra 71 bulletins nuls, 235 « Non » et 130 533 « Oui ».
En août et septembre 1860, les deux départements nouvellement créés – Savoie et Haute-Savoie – accueilleront triomphalement leurs nouveaux souverains, l’empereur Napoléon III et l’impératrice Eugénie, lors de fêtes prestigieuses dans toute la province et notamment à Chambéry et Annecy.
Etrange destinée donc que celle de cette Savoie autrefois comté, duché, puis royaume, qui vit sa capitale déplacée de Chambéry à Turin et dont la dynastie, apparentée à toutes celles d'Europe, n'a pas hésité à abandonner son berceau à la France pour régner sur une péninsule italienne enfin réunie.
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